Article paru dans L'Avenir - rubrique Santé - 10 mars 2015
Vous avez de l’herpès quand vous êtes stressé? Ou des migraines, maux de ventre… C’est normal, le stress provoque une série de réactions dans le corps humain. Voici lesquelles.
«Ce qui trouble les hommes ce ne sont pas les choses mais les jugements qu’ils portent sur les choses.» Le Professeur Christine Reynaert, psychiatre responsable du service de psychosomatique à l’UCL Godinne cite le Grec Epictète pour souligner que le stress n’est pas lié foncièrement à la situation.
Par exemple, la construction d’une maison, qui est souvent cité dans le Top 5 des événements les plus stressants de l’existence: «Ce sera un moment de plaisir pour la personne qui aime gérer son argent, consulter des plans et construire quelque chose dans la vie», dit la spécialiste du stress.
Elle remarque également qu’il y a des personnalités qui aiment les stimuli, avoir des défis passionnants à relever. «On incrimine souvent les téléphones portables. On voit un homme d’affaire jongler avec deux portables, puis répondre sur son fixe à sa secrétaire, qui lui parle de ses rendez-vous… Mais ce n’est pas du mauvais stress tant qu’il a envie de répondre à tous ces coups de fil. Par contre, une mère de famille dont les enfants ont quitté la maison, qui reste seule et attend un coup de fil de ses enfants qui sont loin d’elle sera beaucoup plus stressée par le téléphone.»
Sous l’effet du stress, beaucoup de variations neurohormonales se passent dans le corps, avec un effet variable dans le temps… Plus momentané chez certains: «On remarque en mesurant les doses de cortisol dans la bouche que le niveau reste très élevé chez certaines personnes, mais baisse plus vite chez d’autres.»
Mais face à un stress chronique ou face à un stress très important, la physiologie s’épuise.
1. Hormones
Le stress entraîne une réaction hormonale: une augmentation du cortisol, de la neuradrénaline et la testostérone. «On remarque même que la testostérone augmente rien qu’en jouant à un jeu vidéo», constate Christine Reynaert.
2. Hypertension
Le cortisol et la noradrénaline sont des vasoconstricteurs. Cela veut dire qu’ils rétrécissent les vaisseaux sanguins et augmentent donc la pression. C’est ce qu’on appelle l’hypertension de stress. Le stress fait également monter les pulsations cardiaques.
3. Diabète
L’hormone du stress, le cortisol, agit sur le métabolisme des sucres. Il provoque une hyperglycémie et peut favoriser le développement d’un diabète.
4. Inflammation
Le cortisol interagit avec le système immunitaire et le système inflammatoire et peut diminuer nos défenses aux infections et aux maladies autoimmunes (asthme, etc).
5. Système digestif
Les étudiants le savent. Avant un examen stressant, certains vomissent, d’autres ont la diarrhée… Et d’autres sont constipés.
Mais on ne peut tout de même pas parler d’ulcère lié au stress, selon le docteur Jean-Charles Delchier, gastro-entérologue qui répondait à cette question dans l’émission «Allo Docteur», sur France 5: «Le stress ne donne pas d’ulcère. Le stress donne mal à l’estomac. Si on réalise une fibroscopie, on ne voit pas d’ulcère.
6. Muscles
Les épaules, les mâchoires, le bas du dos, la nuque… Qui dit tension nerveuse dit tension musculaire. «C’est normal, les muscles sont faits pour courir en cas de stress, rappelle le Dr Reynaert.
7. Peau
«On voit souvent une concomitance entre l’arrivée d’un psoriasis et un gros stress . Et au niveau des cheveux, la pelade peut être une maladie très spectaculaire: j’ai vu un patient qui avait perdu tous ses cheveux une semaine après le décès d’un proche.» Il existe d’ailleurs des psychodermatologues, qui peuvent prendre en charge les malades les plus atteints.
8. Et le cancer?
«Il faut être prudent quand on parle du lien entre le psychique et le cancer, car les propos peuvent être mal compris.» dit le Dr Reynaert.
Si elle ne dit pas qu’on peut guérir par la force de son mental, elle reconnaît néanmoins que le pronostic est parfois meilleur si on réagit d’une certaine façon, avec un réalisme optimiste: «l’idéal, c’est de reconnaître qu’on a une maladie grave et ne pas rester dans le déni mais mettre son énergie dans un maximum de qualité de vie malgré la maladie. Car chez les personnes qui en position mentale de «Lutte active», le traitement est plus efficace, mais surtout il est vécu de façon plus sereine et plus constructive.
Mais il y a beaucoup d’autres facteurs qui entrent en jeu dans une maladie aussi complexe: le fait de se poser, de faire de l’exercice physique, d’être bien entouré, d’avoir une bonne relation avec l’équipe médicale, d’, avoir une alimentation saine… «Il ne faut pas tout psychologiser! Mais prendre conscience qu’il y a de multiples interactions corps/esprit qui font de chacun de nous un être humain unique»